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| Eté 2022. Azov, Russie. La Russie rénove ses monuments soviétiques, alors que l'Ukraine déboulonne les siens. |
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| Eté 2022. Oblast de Rostov, Russie. Au Musée d'histoire militaire de Sambek, près de la ville de Taganrog, l'invasion de l'Ukraine est légitimée comme étant la continuation de la guerre contre l'Allemagne nazie |
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| Eté 2021. Ukraine. Anatoli de Kharkiv et son aigle sur le front de mer de Berdiansk |
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| Eté 2024. Oblast de Mykolaïv, Ukraine. Un tourbillon de poussière traverse la steppe ukrainienne près de Mykolaïv |
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| Eté 2023. Oblast de Mykolaïv, Ukraine. Le palais de la Culture de la petit ville de Shevchenkove, gravement endommagé par les combats |
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| Eté 2023. Ukraine. Des agriculteurs ukrainiens tentent d'éteindre les incendies provoqués par les débris d'un missile russe abattu au-dessus de la région de Mykolaïv |
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| Eté 2024. Kherson, Ukraine. Le Palais de la Culture de Luch, aujourd'hui utilisé comme centre de ravitaillement par les familles |
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| Eté 2024. Ukraine. Lors de la fête nationale ukrainienne, des familles regardent des dessins animés dans la cave du théâtre de Kherson. Ils doivent y descendre chaque fois que l'alarme antiaérienne retentit. |
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| Eté 2022. Kraï de Krasnodar, Russie. Une des responsables de l'association environnementale "Clean Taman" en bordure du détroit de Kertch sur la péninsule de Taman |
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| Eté 2021, Ukraine. Vue sur la mer d'Azov depuis le Santa Barbara, une boîte de nuit sur le front de mer de Marioupol |
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| Eté 2021. Marioupol, Ukraine. Un terril de l'usine métallurgique Azovstal s'avance sur la mer d'Azov. L'immense combinat soviétique, coeur battant de l'économie locale, sera le dernier bastion des défenseurs de la ville avant son occupation par les forces russes en mai 2022 |
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| Eté 2021. Marioupol, Ukraine. Vika et Lera, 17 ans |
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| Eté 2023, Ukraine. La Cathédrale de la Transfiguration à Odessa, quelques jours après sa destruction partielle par un missile russe. |
"La mer d’Azov m’est apparue dans un éclat de lumière. C’est cette lumière si particulière, douce et colorée, qui guida mes premiers pas sur les rives de cette petite sœur de la mer Noire, vers laquelle je reviens tous les étés depuis 2019.
Ce sont ces dégradés d’horizons, qui entrent en dissonance avec notre imaginaire visuel de ces régions, que je me promettais de photographier, année après année en Ukraine et en Russie, comme un fil formel qui guiderait mes pas. Mais ce récit estival, que j’avais espéré lumineux, est aussi la chronique d’un monde qui disparaît, dévoré par la guerre qui allait bientôt éclater.
La région était déjà en 2019 une zone de friction intense. Les combats faisaient rage depuis cinq ans dans le Donbass, la Crimée avait été annexée, et la mer d’Azov était de facto occupée par la marine de guerre russe. La douceur visuelle que j’ai trouvée sur ces rivages paisibles entrait étrangement en contraste avec le mal qui montait.
Influencée par la tradition américaine de la 'road photography', la série privilégie le détour et l’errance, plutôt que l’approche journalistique, afin de donner au territoire et à ses singularités, plutôt qu’à l’événement, la haute main sur le récit. Celui-ci se construit au rythme de longs séjours annuels qui permettent au temps de l’histoire de se déployer dans sa complexité.
Ces images portent notre regard vers les racines et les traces visibles de cette guerre ; ce sont les coulisses d’une horreur impensable sur le sol européen. J’ai l’espoir qu’elles murmurent à nos consciences que ce que nous croyons acquis n’a rien d’immuable. De nombreux voyages sont encore à venir : je ne peux plus imaginer un été sans Ukraine".